Climat : 2016, l'année de tous les records | GREENEYES | Scoop.it

La banquise (ici dans l'Antarctique ouest en mars 2016) a enregistré, depuis le mois de novembre, une perte de plus de 3 millions de km² par rapport à la moyenne 1981-2010.

 

 

Le nouveau rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale confirme que 2016 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne de 1,1°C au-dessus de la période préindustrielle.

 

Hausse de la température globale, fonte de la banquise, augmentation de la température et du niveau de la mer : l’année 2016 a battu tous les records. C’est le constat alarmiste d’un nouveau rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) mardi, deux jours avant la Journée météorologique mondiale. «Ce rapport confirme que l’année 2016 a été la plus chaude jamais enregistrée : 1,1°C au-dessus de la période préindustrielle, soit 0,06°C au-dessus du précédent record, établi en 2015», décrit Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM. «Avec des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère qui battent constamment de nouveaux records, l’influence des activités humaines sur le système climatique est devenue de plus en plus évidente», a-t-il ajouté.

Climate breaks multiple records in 2016, hottest year on record. Global impacts. Extreme and unusual trends continue in 2017 #stateofclimate

 

Le phénomène naturel El Niño, qui se produit tous les cinq à sept ans et est marqué par un réchauffement des eaux du Pacifique, a bien joué un rôle. «Mais uniquement dans les records de température du début de l’année 2016, précise Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente d’un groupe de travail du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Il est intéressant de comparer l’année 2016, et son gros événement El Niño, avec l’année 1997-1998, qui a connu un tel épisode. On voit à quel point le réchauffement s’est poursuivi.»

«Angry Summer»

Tous les indicateurs sont au rouge. Le niveau de la mer a augmenté de 20 centimètres depuis le début du XXe siècle, principalement en raison de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires. Selon les données du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), la banquise a enregistré à l’échelle mondiale, depuis le mois de novembre, une perte de plus de 3 millions de km² par rapport à la moyenne 1981-2010.

Quant à l’augmentation des températures de l’océan, elles ont contribué à «des épisodes de blanchissement et de mortalité des coraux dans de nombreuses eaux tropicales avec des impacts importants sur la chaîne alimentaire marine, les écosystèmes et les pêcheries», rappelle également le rapport. Le 16 mars, une quarantaine de scientifiques prévenaient dans la revue Nature que la Grande Barrière de corail située en Australie ne pourrait peut-être jamais se remettre de l’épisode de blanchissement qu’elle a subi l’année dernière du fait du réchauffement climatique, et appelaient à «une action urgente et rapide».

A LIRE AUSSI :La Grande Barrière de corail pourrait ne jamais se remettre de son blanchissement

Aucune région du monde n’est épargnée. La température a battu des records en Afrique australe. En Afrique du Sud, le thermomètre a atteint, le 7 janvier, les 42,7°C à Pretoria et 38,9°C à Johannesburg. Même constat en Asie, avec 44,6°C observés le 28 avril à Mae Hong Son, au nord-ouest de la Thaïlande, et 51°C enregistrés le 19 mai à Phalodi, en Inde. Au Koweït, la ville de Mitribah atteignait même les 54°C le 21 juillet.

 

De son côté, l’ONG Climate Council alertait dans un nouveau rapport sur le retour du «Angry Summer» dans le sud-est de l’Australie, caractérisé par des vagues de chaleur intense et des feux de brousse. Rien qu’à Sydney, la température s’est élevée, selon le Bureau de la météorologie (BOM), de 2,8 degrés au-dessus de la moyenne. De graves épisodes de sécheresse ont secoué l’Afrique australe, tout comme l’Amérique centrale et latine. A l’inverse, le bassin du Yangtzé, en Chine, a connu ses crues les plus importantes depuis 1999.


L’ombre de Trump

Alors que les 195 pays signataires de l’accord de Paris sur le climat se sont engagés à contenir le réchauffement «bien en deçà de 2°C», voire à 1,5 °C, 2017 ne s’annonce pour le moment guère meilleure. Selon la Nasa, février 2017 a été le deuxième mois de février le plus chaud jamais enregistré depuis le début des relevés en 1880, après celui de 2016. 

La communauté scientifique, et en particulier les spécialistes du climat, s’inquiète en outre de la politique menée par Donald Trump, climatosceptique affiché, à l’encontre de la recherche sur le changement climatique. Lors de la réunion du G20 finances qui s’est achevée samedi à Baden-Baden (Allemagne), l’accord de Paris et la lutte contre le changement climatique n’ont pas été mentionnés dans la déclaration finale, comme c’était le cas dans les précédents communiqués.

A LIRE AUSSI :Les climatologues américains font barrage au péril Trump

Pire, la Maison Blanche a prévu, dans son projet de budget pour 2018, des coupes drastiques pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement. L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) voit ainsi ses financements diminuer de 31%, la baisse la plus forte de ce projet de budget. Un cinquième de ses effectifs seraient également supprimés, soit 3 200 emplois. Cinquante programmes développés par l’agence, dont l’Energy Star, chargé de promouvoir les économies d’énergie, ou encore les subventions destinées aux Etats et aux villes pour lutter contre la pollution de l’air, cesseraient d’exister. De son côté, la Nasa subit aussi une coupe de 102 millions de dollars (94 millions d’euros) pour les sciences de la Terre, mettant fin à quatre missions visant à comprendre le changement climatique. Au sein du département d’Etat, les programmes de prévention au changement climatique sont également supprimés.

 

Estelle Pattée


Via Jacques Le Bris